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Portrait de Moïse Katumbi, Président du TP Mazembe

Moïse KATUMBI, l’homme par qui le succès arrive

Il avait seize ans et quelques mois lorsqu’il escortait ses amis, les joueurs de CORBEAUX, à leurs matches. Au fond de lui-même, Moise KATUMBI se disait qu’il se serait bien aligné à leurs côtés, sur le terrain. Il aurait bien voulu être un grand footballeur et, ma foi, il se débrouillait plutôt pas mal lorsqu’il jouait des matches avec les copains de la cité ou quand il s’entraînait avec les cadets des Corbeaux. Gamin, il était content de ramasser les balles de Mazembe après les entraînements mais également après les matches, occasions pour lui de saluer et de parler avec les joueurs vedettes. Signe du destin : une fracture de la jambe brisa les rêves de l’adolescent qui accompagnait déjà Mazembe dans ses sorties, dans l’ombre du président, son grand frère Raphaël.

Le jeune homme qui règle tout…

Moïse KatumbiMais revenons au club de Corbeaux. Lorsqu’il s’agissait de payer le transport des joueurs, le président disparaissait, le vice-président demeurait introuvable et les joueurs n’avaient plus que l’ami Moïse en face d’eux pour sauver la situation.
« Tu nous donnes à manger, tu nous paies le transport, le local c’est toi aussi, allez on a assez perdu de temps, prends la présidence ! » dirent-ils au bout de deux ans à celui qui réglait tous les problèmes. « D’accord, mais j’accepte un poste de vice-président pour ne pas aller trop vite en besogne » répondit l’intéressé, quelque peu effrayé par le poids de la charge qui lui tombait sur les épaules.

Ce que Moïse ignorait alors, c’est que le destin allait frapper une seconde fois. Deux mois après, en effet, le président, fonctionnaire de son état, était muté à Kinshasa et laissait la chaise vide. On devine facilement la suite… En moins de quatre mois, de mars à mai 1983, Moïse KATUMBI accédait à sa première présidence dans un club qu’il dirigera durant sept ans, le hissant en 1ère division dès sa première saison.

Champion avec ses amis de Corbeaux

Promue au niveau des ténors, l’équipe des Corbeaux tient tête aux meilleurs et décroche même la couronne de champion provincial en 1991. Cette même année, Mazembe connaît des difficultés en voyant une majorité de joueurs kasaïens partir vers Kinshasa, l’Afrique du Sud, voire en Corée ou en Chine. Le grand frère Raphaël n’est plus là et pour se « remplumer » Mazembe fusionne avec les Corbeaux.

Moïse KATUMBI est nommé membre du comité de ce nouveau club, mais il n’est pas présent aux réunions. Exilé en Zambie, il continue pourtant à suivre l’actualité sportive lushoise avec intérêt. Et ce qu’il apprend lui crève le cœur : le football katangais décline lentement, les stades sont désertés. A Lubumbashi, un derby Mazembe-Lupopo n’attire plus qu’un petit millier de spectateurs. En 1995, il assiste à un match Mazembe – Lubumbashi Sports pour lequel 300 personnes à peine se sont déplacées à la Kenya. C’est l’ère du bricolage pour un club en plein marasme qui ne dispute plus la Coupe d’Afrique.

Le coup fumant de Papa KAMBA

Lors des élections qui ont lieu en 1997 pour former le Comité Sportif de Mazembe, Célestin KAMBA prépare, seul, un putsch dans l’ombre. Ancien milieu de terrain ou extérieur droit de Mazembe lorsque les Lushois disputèrent les quatre finales successives de la Coupe d’Afrique des Clubs Champions dans les années 60, il présente la candidature de Moise sans même lui en parler.

Il raconte : « Je ne voyais que lui pour relancer le club. Je l’avais vu à l’œuvre quand il a fait monter les Corbeaux en Division 1. Je le connaissais bien et je savais qu’avec lui tout allait marcher. Les autres candidats ? Oui, il y avait le vice-président du moment, mais je lui ai dit qu’il fallait laisser la place à Moïse. On lui a donné une place de 1er vice-président. Et notre Moïse a été élu largement car j’avais mobilisé du monde en douce…»


Et le doyen papa Kamba, toujours présent au club aujourd’hui, de conclure : «Bien sûr que non, je ne le regrette pas, au contraire. On a fait deux fois le doublé Coupe d’Afrique-Super Coupe. Donc je suis doublement content…»

Elu président alors qu’il est exilé en terre zambienne, Moïse hérite d’un club qui repart de zéro et qu’il veut replacer en Coupe d’Afrique. Echec en 1998 et un an plus tard (99), Mazembe se fait piéger (5-0) sur le terrain en … tartan des Algériens de la JSK, une aire de jeu dure comme du béton qui verra même un joueur kabyle y perdre la vie peu de temps après.

Le président s’arme de courage, travaille sans relâche pour envoyer de l’argent au club et recruter des joueurs …par téléphone. Pour des raisons politiques, il lui est interdit de mettre les pieds au Katanga, les journalistes n’osent même pas prononcer son nom, mais il est champion du Congo et vainqueur de la Coupe nationale en 2000, Mazembe accède aux quarts de finale de la Coupe d’Afrique en 2001 puis aux demi-finales en 2002.

Le grand retour de 2003

En juillet 2003, Moïse peut enfin revenir au pays et s’attaquer à un énorme chantier. Il veut relancer tout le football katangais. Au stade de la Kenya où il est ovationné, il affirme à la population qu’il n’a jamais trahi ni la province ni le pays. « Frères et sœurs, je vais me battre pour vous et vous ramener une coupe à Lubumbashi… » lance-t-il dans une émouvante promesse qui le conduit au bord des larmes. Il demande simplement un peu de patience.

Moïse KATUMBI va tenir parole avec un brio extraordinaire. Homme de foi, visionnaire, travailleur acharné, il va faire profiter le football de sa réussite professionnelle comme personne ne l’a jamais fait au Congo. Il met la main partout, consacre 700 000 dollars US à la réhabilitation d’un stade de la Kenya fermé jusque-là par la CAF. Il inverse le mouvement des transferts : ce ne sont plus les joueurs katangais qui iront à Kinshasa, ce sont ceux de la capitale qu’il fait venir à L’shi. En faisant passer les indemnités de transfert de 500 à 20 000 dollars, il procure des moyens importants aux clubs vendeurs. En multipliant les salaires de ses protégés par 2 puis par 5, il persuade ses joueurs de rester ! Il fonce comme un cyclone auquel rien ne résiste… Et il entraîne les responsables rivaux de Lupopo et d’autres à trouver les moyens pour tenter de rivaliser avec les Corbeaux.

En 2005, il a failli partir…

En 2004, Mazembe est éliminé en 8èmes de finale de la Coupe des champions africaine puis en quarts de finale de la Coupe CAF. La réussite tardant quelque peu, certains supporters s’impatientent et grognent : « Certes, KATUMBI met les moyens, mais il n’a pas de chance et avec lui on ne gagnera jamais la Coupe… ». Certains ne veulent pas comprendre que l’équipe est encore jeune et inexpérimentée. MPUTU n’a que 17 ans et ses partenaires ont du talent mais manquent d’expérience. Alors, certains veulent le pousser à recruter des vieux. Touché par ce manque de confiance de la part d’un groupuscule de gens peu lucides, Moïse refuse, se rend au stade Mwanke et menace l’assistance de rendre son tablier. L’alerte est sérieuse et certains fanatiques iront jusqu’à se coucher devant les roues de sa jeep pour le faire renoncer à son départ et le forcer à poursuivre son œuvre.

« Arsène WENGER nous a décomplexés… »

Mu par le feu de la passion, Moïse KATUMBI dirige, anime, finance, innove, toujours en quête de progrès. Dans l’ombre du géant, Carine, son épouse, férue de football, le stimule, lui témoigne sa sollicitude, persuadée qu’il va toucher au but. « J’ai eu la chance d’avoir une femme qui connaît le football et les hommes. Elle m’a toujours encouragé, me persuadant qu’on allait y arriver… » confie-t-il.

En 2006, l’équipe est disqualifiée, exclue de la Coupe d’Afrique pour un couac signé FECOFA et en 2007 elle tombe devant le FAR de Rabat en huitièmes de finale.

Le déclic va se produire en 2008, quand les Corbeaux s’envolent pour une tournée en Europe. Destination la Belgique (Charleroi) et l’Espagne (Séville), mais surtout Londres, sur une invitation d’Arsenal. Ils vont passer une semaine dans le sillage des Gunners et puiseront une énorme confiance dans l’hiver glacial et venteux de Colney. « Qu’un type comme Arsène Wenger nous invite chez lui, nous les petits Africains, ça nous a enlevé nos derniers complexes. Et ses encouragements ont eu un formidable effet stimulant. Arsène et les gens d’Arsenal seront toujours les bienvenus au Katanga… » relève le président avec gratitude.

Premier club africain en finale mondiale : historique !..

Katumbi

Lors des deux années qui suivent (2009 et 2010) l’équipe arrive à maturité et Mazembe s’installe sur le toît de l’Afrique. Deux nouvelles étoiles dorées viennent orner les vareuses katangaises, avec deux Super Coupes d’Afrique en prime. Cerise sur le gâteau, un titre de vice-champion du monde décroché en décembre 2010 par les hommes du coach Lamine NDIAYE à Abu Dhabi engendre une notoriété planétaire. Mazembe est le premier club africain à accéder à la finale du Mondial des clubs.

Lorsqu’il a pris les rênes du club, les joueurs n’avaient qu’un jeu de maillots, qu’ils enfilaient souvent encore humides parce qu’ils n’avaient pas eu le temps de sécher… Moïse KATUMBI a tout changé, sur tous les plans : infrastructures (stade de la Kenya remis à neuf avec gazon synthétique, nouveau stade en construction), forme juridique (passage en société Sprl) budget explosé, salaires et primes des joueurs de niveau européen, etc.

Tous les voyants au vert, le pilote du Tout Puissant n’est-il pas tenté de céder les commandes ? Réponse à l’unisson de Moïse et Carine tout sourire: « On pensait vraiment qu’en gagnant une deuxième Coupe d’Afrique, on serait soulagés et prêts à souffler. Eh bien non, ce n’est pas du tout ça. L’appétit vient en mangeant et on a toujours faim…»

Alors, quel rêve peut-il encore poursuivre, le président KATUMBI ? Prendre les rênes de la FECOFA, voire de la CAF ? Il balaie l’hypothèse : « Mon ambition naturelle est à Mazembe et pas ailleurs. Mon but est de stabiliser le club, de former un successeur pour lui passer le flambeau dans cinq ou six ans. Tant que j’aurai les moyens d’investir dans mon club, je le ferai. Je ne tiens pas à ce qu’on m’enterre avec mon argent… Avec mon épouse, on veut donner du bonheur à nos concitoyens… »

Le TP Mazembe du Tout Puissant Moïse a encore quelques pages d’histoire à écrire.

Pour communiquer en direct avec le Président, adressez-lui vos messages sur son compte twitter officiel : @moise_katumbi

Les Présidents du club depuis 1939

- 1939 : Un père franciscain

- 1945 à 1959 :

· Ir Civil GIDROPH

· Sylvestre MPIANA

- 1960 : Paul Gibson MUKUNTA

- 1968 : Ferdinand NGOMA (Transition de MUKUNTA)

- 1969 (Transition) :

· Jean-Baptiste KIBWE PAMPALA

· Baudoin KABIMBI NGOIE

- 1970 : Mouster ILUNGA DIATA PAKOLE

- 1972 : LUKUSA MWENGULA

- 1973 : Simis ALADEPH

- 1975 : KANKU NKOLELA

- 1977 : Raphaël KATEBE KATOTO

- 1981 : Raphaël KATEBE KATOTO

- 1982-1983 (Transition) : TSHILOMBO MWEN TSHITOL

- 1985 : SOMVILLE

- 1997 : Moïse KATUMBI CHAPWE 

- 2013 (26/12, Eléction) : Moïse KATUMBI CHAPWE 

- 2017 (20/10, Eléction) : Moïse KATUMBI CHAPWE